« Nous avons traversé beaucoup d’épreuves ensemble »
Célestin Faé, père d’Emerse Faé, le sélectionneur actuel des Eléphants de Côte d'Ivoire, revient sur le parcours de son fils, de ses débuts à son ascension en tant qu’entraîneur de l’équipe nationale. « Nous avons traversé beaucoup d’épreuves ensemble, et voir son succès aujourd'hui me comble de joie », a-t-il confié à L’inter, lors de la cérémonie de remise du Prix ‘’Homme de l’année’’ décerné à Yacine Idriss Diallo, président de la Fédération ivoirienne de football (Fifà par l’Ong Balle à terre, mardi 14 janvier, à Treichville.
Monsieur Faé, pouvez-vous nous parler des débuts de votre fils, Emerse dans le football ?
Emerse est mon fils, il est né en France, et comme moi, il a rapidement développé une passion pour le sport, et en particulier pour le football. Dès l’âge de 6 ans, il s’est mis à pratiquer, et il a poursuivi cette passion jusqu’à devenir un joueur professionnel. Il a suivi une formation dans plusieurs centres de football, jusqu'à atteindre le niveau professionnel. Malheureusement, alors qu’il semblait sur le point de franchir un nouveau palier dans sa carrière, il est tombé malade, et cela a bouleversé ses projets.
Comment avez-vous vécu cette période difficile pour lui ?
C’était une période très douloureuse pour moi. Il avait vraiment l’envie de continuer sa carrière, il était très bien dans le football. Mais la maladie a mis un terme brutal à tout ça. Ce fut d'autant plus difficile car, quelques mois avant, il venait de perdre sa maman. En l’espace de deux mois, il a enterré sa mère et ensuite, il est tombé malade. C'était une épreuve immense. On a tout fait pour le soutenir moralement, mais il a aussi eu un soutien précieux de sa femme, qui a été à ses côtés et l’a beaucoup encouragé. Je vivais à Nantes, tandis qu’Emerse et sa famille résidaient à Nice. Heureusement, il avait aussi son agent, Guy Demel, un ami de longue date, qui l’a beaucoup aidé durant cette période difficile.
Qu’est-ce qui vous a poussé à encourager Emerse à suivre cette voie, alors qu’il avait la possibilité de poursuivre ses études ?
J'ai joué au football dans ma jeunesse, mais à mon époque, il n’y avait pas beaucoup d’opportunités pour devenir professionnel. C'était avant tout une passion, un moment de partage entre amis. En France, l'avantage, c'est que les enfants peuvent pratiquer un sport tout en poursuivant leur scolarité. À mon époque, j’alliais études et sport, et j’avais de bons résultats dans les deux domaines. Emerse, lui aussi, n’avait aucune difficulté à concilier les deux. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je ne l’ai jamais empêché de jouer au football, bien au contraire. S’il avait eu des problèmes à l’école, je lui aurais, bien sûr, demandé de se concentrer davantage sur ses études, mais il réussissait à allier les deux.
La maladie a mis fin à sa carrière de joueur, mais il a rebondi en devenant entraîneur. Comment avez-vous vu cette transition ?
Quand il est tombé malade, il n’a pas baissé les bras. Plutôt que de se laisser abattre, il a décidé de se reconvertir et a commencé sa formation d’entraîneur. Un jour, il a exprimé son souhait de venir en Côte d’Ivoire pour aider ses frères et contribuer au développement du sport ici. Il a même envoyé une lettre à la Fédération ivoirienne de Football (Fif), dans l’espoir d’intégrer la sélection et de travailler avec des jeunes talents, notamment ceux d’Europe. À Nantes, où je vivais, il y avait déjà des jeunes Ivoiriens qui jouaient bien, et un cousin, Giovanni Sio, a même fait partie de l’équipe nationale. Emerse a, d’abord, postulé pour entraîner les U20 en vue des Jeux Olympiques, mais des élections à la Fif ont perturbé ce projet.
Quand Emerse a été nommé sélectionneur des Eléphants, avez-vous ressenti une pression particulière ?
Lors de son premier match avec les Eléphants, j’étais très anxieux. J'avais peur, car je savais que si l’équipe perdait, cela pourrait être difficile pour lui. Les Ivoiriens sont très passionnés de football, et je craignais pour lui. Mais il a gagné son premier match, puis le deuxième… J’ai suivi les matchs seul chez moi, car je n’osais pas aller chez quelqu'un. J’avais peur des réactions en cas de défaite. Mais grâce à son travail, il a réussi. Aujourd’hui, il est champion d’Afrique, et je suis vraiment heureux pour lui. Nous avons traversé beaucoup d’épreuves ensemble, et voir son succès aujourd'hui me comble de joie.
Comment continuez-vous à soutenir votre fils dans cette aventure ?
Je continue de l’encourager et de le soutenir dans ce qu’il fait. Il a une grande responsabilité, mais il sait combien les Ivoiriens aiment le football. C’est pour cela que je suis venu ici, pour le soutenir et l’accompagner. Maintenant que je suis à la retraite, je vais venir régulièrement en Côte d’Ivoire pour être à ses côtés, l’aider dans son travail, et lui donner toute la force nécessaire pour réussir. C’est un grand honneur pour moi de voir mon fils diriger l’équipe nationale et de contribuer à l’essor du football ivoirien.
Etes-vous fier de son parcours ?
Bien sûr, je suis très fier de lui. Il a fait face à de nombreuses difficultés, mais il a su rebondir et se réinventer. Aujourd'hui, il est à la tête de l’équipe nationale, un rôle prestigieux, et je suis heureux de le voir réussir. C’est un bel exemple de résilience et de détermination.